De la formation à l’emploi, pour la réussite des jeunes majeurs accompagnés
Depuis le reportage « Enfants placés : les sacrifiés de la République » diffusé sur France 3 dans l’émission Pièces à Conviction le 16 janvier 2019 dernier, un désarroi peut persister dans nombre de consciences professionnelles. Ce documentaire a jeté un discrédit objectif sur certaines réalités rencontrées dans des services habilités de l’Aide Sociale à l’Enfance livrant aux yeux du grand public des postures et des pratiques bien malheureuses et inacceptables.
Mais trop peu de nuances ont encore pu à ce jour s’exprimer. La fin de la période des examens et des résultats inhérents offre une opportunité de proposer un contradictoire à cette vision tronquée qui nourrit et nourrira des amalgames. Aujourd’hui ne peut-on pas s’autoriser à regarder le verre à moitié plein (sans pour autant ne pas oublier le verre à moitié vide, ne faisons pas la même erreur que nos observateurs) ?
Alors en cette future rentrée, hauts les cœurs et hautes les bonnes pratiques.
N’est-il pas légitime, en bon pourvoyeur d’un accompagnement bienveillant et personnalisé, de promouvoir l’action menée par certains services ? Le dispositif d’accompagnement à l’autonomie progressive (DAAP) de la maison d’enfants à caractère social Equinoxe de Moissons Nouvelles à Toulon est l’une de ces structures. Au 15 juillet, nous accueillions 10 jeunes majeurs en appartements autonomes, tous issus d’un long parcours institutionnel dans « les méandres » de la Protection de l’Enfance. Survivants des dysfonctionnements institutionnels, exemptés d’une mise à la rue à leur majorité, miraculés d’un parcours chaotique, nous souhaitons sortir des généralités et évoquer leurs situations concrètes.
L’une a obtenu son baccalauréat économique et social et intègre une école d’hôtesse de l’air à la rentrée. Un autre a décroché son bac pro de boulanger-pâtissier avec mention ; fort de ce diplôme il a été embauché comme apprenti quelques jours plus tard et projette un brevet de maîtrise. Un troisième a réussi son bac pro commerce et s’oriente vers un BTS immobilier en alternance. La petite enfance et l’accompagnement ont eux aussi la part belle, une jeune majeure a validé son CAP petite enfance et prévoit de passer le concours d’auxiliaire puéricultrice tandis qu’une de ses camarades est en formation d’accompagnant éducatif et social.
Mais le travail dans tout cela, le sacro-saint travail, qu’en est–il ? Sur les cinq jeunes restant, l’un travaille en cuisine dans le but de voyager, certains penseront pour s’évader. Deux bénéficient du dispositif « garantie jeunes » assortit d’une mise en emploi pérenne pour l’une et d’un engagement citoyen pour l’autre (service militaire).
Alors me direz-vous que reste-t-il à faire ? Et bien poursuivre cet accompagnement, cet « étayage » au quotidien pour soutenir ces jeunes dans leurs aspirations et leurs quêtes. Car heureusement, ils ont encore la possibilité de chercher et trouver leur destinée et ainsi échapper à cet échec inéluctable que certains reportages nous annoncent.
Un dernier mot : félicitations à tous et merci.
Laurent Flachet
Chef de service, militant de la valorisation du dispositif d’accueil et d’accompagnement personnalisé.
